A l'intérieur de l'Union européenne, les capitaux et la main-d'œuvre circulent (théoriquement) librement. Les investisseurs britanniques ou italiens ont toute liberté pour investir en Belgique ou en Grèce selon le taux de profit qu'ils en attendent, tandis qu'un salarié français peut, si le salaire est attractif, travailler en Espagne ou en Allemagne.
A l'image du modèle libéral simplifié, les variables d'ajustement de l'équilibre économique sont le taux de profit et le taux de salaire. Le fonctionnement de l'économie européenne, mais aussi de l'économie en général, serait conforme à une gigantesque fonction de production. La réalité économique est toute différente : le capital est beaucoup plus mobile que le travail. Derrière les mouvements du capital, il y a des mesures de politique publique qui sont prises par les Etats pour attirer les capitaux et créer des emplois. D'un autre côté, les salariés sont confrontés à de multiples obstacles pour émigrer (information imparfaite sur les emplois disponibles et les conditions de travail, contraintes familiales, administratives, financières, etc.). C'est ce que les auteurs de cet ouvrage ont cherché à montrer à la fois à partir d'une étude économique et historique et d'une enquête sur le terrain sur les travailleurs frontaliers belges à Dunkerque, petite cité industrielle en reconversion du nord de la France.
L'histoire économique de l'Europe pourtant montre que la révolution industrielle a suscité nombre de mouvements migratoires et inversement. Les mouvements migratoires de main-d'œuvre qualifiée ou non qualifiée ont nourri l'industrie européenne. De plus, les frontières d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier.
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