Faire nôtre la vie des sons
Dans la musique, un orchestre réunit des musiciens, avant-même qu'ils ne jouent. Le fait de jouer ensemble dans une performance constituera leur « être-nous » instrumentalement. D'une certaine manière, ce sont les instruments qui les font jouer ensemble. En même temps, « nous » ne représente pas les « instruments », mais le medium d'une participation collective. Mais qu'est-ce qu'« être-nous » ?
Non seulement « dire nous » n'est pas « être nous », mais il convient de s'interroger sur la légitimité de la question « qui est nous ? ». « Nous » est un pronom, et non le nom propre d'entités personnelles. Entre « chaque son dit nous » (Adorno) et « tout un monde se trouve dans une petite phrase » (Wittgenstein), il peut y avoir place pour nombre d'interprétations différentes.
Une proposition se dessine malgré ces multiplicités d'approches : celle que l'oeuvre détermine, par l'objectivité de ses formes, l'opération de « faire nous » dans la musique, lui donnant une consistance qui évite les pièges dans lesquels fait tomber l'opposition toute théorique entre sujet et objet. Il s'agit alors de cerner les conditions sous lesquelles un « faire nôtre » est pragmatiquement possible, d'où peut résulter un langage, un collectif, une institution... On dit « faire nôtres » les gestes de l'oeuvre (jouée, fabriquée, entendue) comme « faire nôtres » des significations dont on use et que l'on partage mais aussi auxquelles on contribue pour en créer de nouvelles.
À quoi reconnaître alors le « nous » comme « contributeur » ? Si l'on admet que la réponse tient davantage dans le résultat que dans d'hypothétiques conditions de possibilité a priori, force est d'examiner le processus par lequel opère cette incorporation ou assimilation, et comment il accompagne le partage de nouvelles formes et possibilités de sens, en particulier dans l'art.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.