D'un art pour tous...
Dans toutes les sociétés, les instances de pouvoir
ont encouragé la transmission d'apprentissages techniques de génération en
génération. En Occident, jusqu'au XVIIIe siècle, cette transmission s'est effectuée
au seul contentement, ou presque, des castes et familles influentes.
L'orientation en a changé avec l'accession des bourgeoisies nationales aux
leviers de l'économie, et ensuite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, grâce au
travail industriel. Les masses furent alors poussées à s'ouvrir aux «choses de
l'art» à travers le développement de l'enseignement public et l'entreprise de
vulgarisation des connaissances. Ce sont ces tentatives d'éducation artistique,
jusqu'aux expériences de réforme des «arts appliqués», avec la fondation
d'écoles professionnelles spécialisées, qui sont décrites dans ce livre sur plus d'un
demi-siècle. De leur analyse, en toute logique, se dégage une interrogation sur leur
efficacité. Les programmes d'initiation aux oeuvres d'art qui ont été élaborés au
début du XXe siècle, les efforts pour poser les bases d'une esthétique populaire, les
systèmes d'enseignement stimulant l'inventivité n'auraient-ils cultivé, en
définitive, que des illusions ?
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