
« S'attaquer à Paris, c'est s'attaquer à un monument. Je n'en ai pas l'envie ni l'audace. Alors je préfère m'attacher à de petites pierres, à des détails, des restes de choses enfouies ou à la surface. Des bas-fonds géographiques aussi bien que mémoriaux. De l'histoire, des petites histoires. Sans doute plus à mon aise avec ce que j'ai vécu ou ce que d'autres m'ont confié. Ou ce que j'ai cru percevoir en observant des façades, en écoutant derrière des portes, en lisant, en consultant des bottins et des vieux papiers que le vent laissait flotter sur les ponts. En marchant. En me retournant. »
Stéphane Manel déploie ici son double talent de dessinateur et de conteur pour nous proposer une promenade toute personnelle à travers les quartiers de Paris. Dans un ouvrage truffé de références littéraires, picturales, musicales, cinématographiques et hanté par quantité de silhouettes, de Gérard de Nerval à Alberto Giacometti, de Pierre Le-Tan à Georges Perec, de Jacques Mesrine à Salvador Dali, il sillonne les époques et revisite rues, places, boulevards et avenues à la lumière de ses souvenirs... à pied, en taxi, à mobylette et en métro.
« Un autre enfant a vécu là les six premières années de son existence : Georges Perec. De 1936 à 1912. Au 24 de la rue Vilin, sa mère Cyrla tenait un modeste salon de coiffure. En 1942, elle l'accompagne Gare de Lyon pour qu'il rejoigne Villard-de-Lans en zone libre. Il n'a aucune conscience de ce qui se passe. Il ne la reverra jamais. Et n'apprendra que très tard la date de sa mort, un an après, à Auschwitz.
Perec ne se souvenait pas de cette partie de sa vie. Il n'a jamais su s'il avait joué avec d'autres gosses sous cet escalier et le long de ces coteaux en pente. Il y est revenu en 1969 pour son projet Lieux, puis tout au long des années soixante-dix. Il est entré dans la cour du 24 mais n'a pas voulu pousser la porte de l'appartement. Il est resté à la frontière de son passé. »
Comme dessinateur, Stéphane Manel a déjà publié deux ouvrages à quatre mains aux éditions Seghers :
Monsieur Proust
(2022) avec Corinne Maier et
Bacon, éclats d'une vie
(2023) avec Franck Maubert. Après
Exercices de Staël
(Seghers, 2024),
Du Côté de Paris
est le deuxième livre qu'il signe de son seul nom, texte et dessin. Il a aussi fait paraître deux ouvrages illustrés parallèlement à ses expositions,
Memory Lines
et
All the Things You Are,
réalisé de nombreuses pochettes de disques (Sébastien Tellier, Barbara), des génériques
(Irma Vep,
d'Olivier Assayas), et collabore régulièrement avec la presse (
Elle, Vogue, L'Obs, The New Yorker).
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