
Qui veut garder le silence sur son intimité, n'en révéler que des
faits choisis à des interlocuteurs choisis, fait figure d'être fragile et
inhibé. Qui au contraire se révèle sans retenue, apparaît comme
une personnalité sûre d'elle et épanouie.
Comment et pourquoi, dans le demi-siècle écoulé, la reconnaissance
des espaces d'intimité a-t-elle fait place au droit et
même au devoir de (se) montrer ? Faut-il en rendre responsable
une confiance excessive dans les vertus de la parole,
en quoi la psychanalyse a probablement une part de
responsabilité ? Faut-il accuser les téléphones portables, les
réseaux sociaux ?
Sans doute celui qui prétend s'exhiber «librement», y trouve-t-il
un gain psychique. De quelles fragilités paye celui qui se
croit tenu de se soumettre à l'impératif de transparence ?
Comment grandir sans la possibilité d'aller et venir entre le
secret et le dire ? Et que deviendrait une démocratie qui
n'accorderait ni place ni valeur au for intérieur ? Car l'intime,
noyau de vérité d'un être, est la condition même de la liberté -
de parole, de pensée, de création.
Psychanalyste recueillant dans le secret de son cabinet des paroles
d'une autre veine que celles qui s'énoncent dans l'espace public,
José Morel Cinq-Mars plaide pour retrouver un consensus
reconnaissant la valeur et la nécessité de ce qui ne peut s'épanouir
qu'à distance des lumières trop vives.
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