
Au retour d'un séjour de près de quinze ans en Algérie, où il a eu à affronter la
résistance organisée par l'émir Abd el-Kader, le général Daumas (1803-1871) se
lance dans la rédaction d'un ouvrage dans lequel il consigne l'ensemble de ses
observations de terrain. Officier de cavalerie, il a été en contact permanent avec
des troupes indigènes ou des aristocraties tribales chez lesquelles le cheval n'est
pas un simple moyen de transport.
Publié en 1851, cet ouvrage, intitulé Les Chevaux du Sahara, est une somme
inédite, la première du genre, qui rassemble tout ce que l'on peut dire des relations
que les Arabes entretiennent avec le cheval : son élevage, son éducation,
les soins à y apporter et les mille manières de l'utiliser - à la guerre, à la chasse
ou à la parade -, vaste corpus dans lequel s'entremêlent approche empirique et
scientifique, religion et superstition, équitation et hippologie.
Alors même qu'il travaillait à son ouvrage, le général
Daumas est dépêché auprès d'Abd el-Kader, qui,
ayant rendu les armes, est détenu à Toulon, avant
d'être assigné à résidence à Pau, puis à Amboise. Entre
les deux hommes, qui se respectent et s'estiment, ayant
en commun, aussi, la passion des chevaux, s'institue
un dialogue qui ira en s'enrichissant. Ce sont ainsi des
remarques informelles, puis des lettres et même un
long texte que Daumas va soigneusement incorporer
à son livre, conférant à celui-ci une autorité et une
couleur orientales. De multiples rééditions permettent
d'intégrer ces apports successifs, avec une correspondance
qui se prolongera alors que l'émir, libéré, est parti en résidence à Damas,
où il exerce un magistère spirituel et politique important.
François Pouillon, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences
sociales, s'est attaché à dresser un inventaire exhaustif de cette littérature équestre
et, mieux que cela, à restituer ici certains originaux - écrits en arabe, bien sûr :
bonne occasion de vérifier que les traductions publiées par Daumas n'étaient pas
aussi mauvaises que certains l'ont craint.
Réunis en un seul volume, ces textes constituent non seulement la somme la
plus importante de l'hippiatrique arabe disponible en langue française mais aussi,
au moment où l'on célèbre le bicentenaire de sa naissance (1808), une manière
d'honorer la mémoire d'Abd el-Kader, qui fut, outre un grand hippologue, surtout
l'homme du dialogue des cultures.
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