Fin 1748, alors qu'il est précepteur au Danemark, La Beaumelle
(1726-1773) fait paraître anonymement L'Asiatique tolérant. Traité à
l'usage de Zeokinizul, roi des Kofirans, surnommé le Chéri. Usant
des codes de la fiction exotique et empruntant le jeu des anagrammes
au roman à clés de Crébillon, le jeune protestant cévenol plaide
littérairement devant Louis XV, roi des Français, en faveur de la
tolérance. Il a recueilli les arguments philosophiques et politiques
tirés de Bayle et de Montesquieu, mais aussi puisé des réflexions
historiques et juridiques dans l'Histoire de l'édit de Nantes d'Élie
Benoist. Il entend d'abord démontrer que, sur le plan doctrinal à
défaut de l'être en pratique, le christianisme est fondamentalement
tolérant ; il veut ensuite établir le principe de la tolérance civile des
religions, autrement dit la nécessaire neutralité confessionnelle des
États et des gouvernements.
Quinze ans plus tard, après avoir sillonné l'Allemagne et être
revenu en France, après un séjour en Hollande et deux incarcérations
à la Bastille, La Beaumelle est devenu un homme de lettres connu
notamment pour son édition des Mémoires de Maintenon et ses
polémiques contre Voltaire. Exilé en Languedoc, il prête sa plume à
ses coreligionnaires du Midi et rédige une Requête des protestants
français au roi : le synode national des Églises réformées de France
pourrait l'agréer et s'en servir pour reconquérir les droits civils les
protestants perdus à la Révocation. L'entreprise échoue, et le
manuscrit repose depuis lors dans les archives familiales...
Ces deux «Traités sur la tolérance», l'opuscule publié et la Requête
inédite, font ici pour la première fois l'objet d'une édition critique
annotée, où apparaissent les sources auquel La Beaumelle a puisé, les
influences qui s'exercent sur lui, l'évolution de sa réflexion et la
singularité de sa démarche.
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