La littérature sur l'Europe politique a sa propre historiographie. Elle a vu se
renouveler, au cours des deux dernières décennies, les théories les plus classiques
de la science politique académique. Celle-ci était confrontée à des questions
inédites afférentes au dépassement de la forme historique des États-nations dont le
continent avait été le site de la naissance et de l'expansion. Même le fédéralisme et
ses avatars «régionalo-autonomistes» ne rendaient pas compte de la construction
de ce qui restait bien «un objet politique non identifié» selon le mot de Jacques
Delors. Rares ont été ceux qui, comme Jürgen Habermas, ont bâti des concepts
originaux pour rendre compte de ce processus inédit de construction d'une
démocratie cosmopolitique.
L'oeuvre de Georges Contogeorgis, fort dense, excède amplement le sujet
de l'Union européenne et s'agence autour de la notion de «cosmosystème
anthropocentrique» par lequel il déconstruit les catégories les plus solides
de la philosophie politique concernant la liberté, l'identité, l'individualité,
la solidarité ; en bref, tout ce qui fait société et permet de la penser dans
des représentations et des systèmes. [...] Dans cette perspective, l'Union
européenne est un moment essentiel où l'individu se «démassifie», se
dénationalise, se politise. [...] L'Europe, telle qu'elle est devenue, serait
donc un stade de transition vers un cosmosystème moderne qu'annonce la
mondialisation.
La contribution de Georges Contogeorgis relance le travail de création d'une
réflexion politiste sur une Europe rongée par les techniques et expertises d'une
«gouvernance» à la godille et les préconisations de penseurs de pacotille. Voici
donc un roboratif antidote à l'endormissement de l'intelligence.
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