Les résistantes ont eu leur(s) livre(s), il manquait celui des collaboratrices.
Quand on évoque le sort des femmes qui ont collaboré pendant l'Occupation, des images nous viennent immédiatement en tête : celles des milliers de citoyennes françaises broyées par l'épuration sauvage et – humiliation suprême – tondues publiquement pour avoir " fauté " avec l'ennemi. Si l'on met de côté cette fameuse " collaboration horizontale " – résumée par la célèbre phrase d'Arletty, " Mon cœur est français mais mon cul est international " –, on songe alors à quelques cas particuliers (tels que le fameux voyage en Allemagne des actrices françaises en 1942 que l'on a surnommé le " train de la honte "). Toutefois, l'engagement des femmes avec l'ennemi entre 1940 et 1944 ne peut être réduit à la dizaine de profils qui le symbolisent.
Les deux auteurs de cet ouvrage sur la France des années noires nous révèlent pour la première fois que les collaboratrices actives ont bien existé et, surtout, qu'elles étaient nombreuses et partout.
Certaines, bien sûr, sont célèbres : c'est le cas d'artistes (comme Coco Chanel), de " femmes de " (Annie Pétain), de " filles de " (Josée Chambrun, qui idolâtrait son père Pierre Laval), et aussi de salonnières (Marie-Louise Bouquet). Mais si la plupart sont des anonymes – des " Madame tout le monde " – elles n'en étaient pas moins dangereuses : miliciennes, gestapistes, ou encore espionnes, elles ont parfois menti, dénoncé, traqué voire violenté. Pour quelle(s) raison(s) ? Par besoin ? Par amour ? Par conviction ? Par naïveté ?
Joëlle Dusseau et Pierre Brana nous livrent ici le résultat d'une enquête historique inédite qui nous montre que " collaborer " peut aussi se conjuguer au féminin. Une synthèse indispensable.
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