Juste après 68, la révolution
parut soudainement à portée de
main. Sur la manière d'y parvenir,
chacun avait sa théorie,
mais, dans la pratique, tous voulaient
vivre sans temps morts.
Plus question de changer le
monde sans se changer soi-même.
Ni de croupir derrière la vitre en attendant les lendemains
qui chantent. Dès lors que ça craquait partout,
plus rien n'était impossible. C'est dans ce climat d'exaltation
que Gérard Guégan, chômeur porté sur le romanesque, et
Gérard Lebovici, riche imprésario rêvant de damer le pion à
Gallimard, envisagèrent de créer avec les Éditions Champ
Libre le cheval de Troie d'où surgiraient les nouvelles âmes
sensibles, seules capables d'incendier le Vieux Monde. Il
s'agissait ni plus ni moins de produire des livres qui, en plus
de refléter le fond de l'air, attenteraient, dans la forme que
leur imaginerait Alain Le Saux, au goût dominant.
Cité Champagne n'est donc pas un de ces essais historiques,
où le vivant embaumé suinte l'ennui, mais une sorte de
traversée du miroir ressuscitant, avec allégresse, un passé
que ni la mort ni la trahison n'avaient encore réduit en
cendres. Un passé où Archie Shepp, Jim Morrison, Reiser,
George Romero, Janis Joplin faisaient cause commune avec
le Black Power, les 343 avorteuses, les Weathermen, le
Fhar. Un passé que les Éditions Champ Libre incarnèrent
au plus près de la chair.
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