«Elle aurait voulu que nous n'assistions pas à son inquiétante
apathie, au présage sans remède d'un final de dévastation.
Qui s'accompagne, et elle n'échappait pas à la règle, d'une
ineffable vocation pour la cruauté. Le terrain des détails
domestiques constitue le champ de bataille où s'affrontaient
ses forces à elle et celles des autres. À elle.
Elle, c'est ma mère, elle était en train de mourir depuis
qu'un an auparavant elle avait fait une chute dans les escaliers
et commencé à mourir de peur. Juste de peur. La tumeur allait
venir plus tard, comme viendraient plus tard les papiers qui
parlaient de la condamnation de mon père à une peine de
prison, dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence.»
Une mémoire familiale qui exhume une mémoire collective,
et c'est toute l'histoire récente de l'Espagne qui refait surface
à travers Ces vies-là.
Responsable du forum de debates à l'université de Valencia,
poète reconnu autant que journaliste attendu, c'est surtout
comme romancier qu'Alfons Cervera s'est fait un nom. La
critique espagnole considère son cycle romanesque comme
l'un des plus achevés du paysage littéraire consacré à la
mémoire des vaincus.
Ciselée, parfois acerbe, toujours concise, la langue d'Alfons
Cervera a trouvé en Georges Tyras son plus fidèle traducteur.
Après Maquis, paru en 2010 aux éditions La Fosse aux ours,
Ces vies-là est le deuxième ouvrage traduit de cet auteur.
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