Celle-là
Partir sans un mot. Traverser le pont de l'Europe. Marcher vers l'Est, en direction du jour où de tout temps le soleil renaît. Celle-là le fait, qui semble glisser à dix centimètres du sol, comme pour ne pas marcher sur la tombe de l'enfant. Comme il est dit aussi que font les enfants russes sur la Néva gelée. L'enfant que la terre contient à jamais. Toute la terre, et les paysages sans frontières pour celle qui part. Qui a tourné le dos.
Dans ce lent voyage, les vies croisées avec leurs fardeaux secrets, Celle-là les reconnaît, les attire à elle.
Le long du chemin, les cauchemars s'apaisent en rêves et les rêves admettent et la mort et la vie. L'amour qui tend les bras, dit son nom : Lorelei.
« Parfois je ne dors pas la nuit. J'écoute la forêt. Lorsque la renarde rôde autour de la cabane, je lui parle. Elle s'arrête net. Nos respirations s'apprivoisent d'un côté à l'autre des parois de branchages. Mais il faut que je dorme pour qu'elle boive le lait déposé devant la porte. Les nuits d'insomnie elle n'y touche pas, comme si elle devinait mon éveil.
La forêt me tire vers l'animal. C'est d'instinct que je vais aux berges du fleuve en fin de journée pour y jouir d'un reste de lumière. Dans mon dos, une nappe d'ombre épaissie par la chaleur d'août pèse sur la forêt, mais là sur la ligne d'horizon du fleuve où balancent des restes de nuages gris acier, le ciel est rouge et or. Quelle heure peut-il être ? »
C.W.
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