Né non loin de Cologne, adolescent meurcri d'avoir à grandir sous la barbarie nazie, Bernd Alois Zimmermann avait 21 ans au début de la Seconde Guerre mondiale. Il participa, contraint, aux campagnes de France, de Pologne et de Russie, et vécut les tragédies d'une génération sacrifiée. Au terme d'une vie intense, jalonnée d'oeuvres parmi les plus essentielles du XXe siècle, dont l'opéra Les Soldats ou le Requiem pour un jeune poète, et accomplissant ce que ses jeunes années avaient pressenti, Zimmermann compose en 1970 une dernière partition, testamentaire, qu'il n'entendra jamais : Je me tournai et regardai toute l'injustice qui se faisait sous le soleil, pour deux récitants, basse solo et orchestre, sur des extraits de L'Ecclésiaste et de La Légende du Grand Inquisiteur de Fiodor Dostoïevski. Dans cette « action ecclésiastique » d'une exceptionnelle densité d'expression, ordonnant et construisant, mais détruisant tout autant, à l'image d'une existence entière, se tient un triple procès : de l'histoire et des idéologies délétères du siècle dernier, de soi-même, coupable d'être, et de Dieu, qui laisse advenir tant de mal.
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