Internée pour la première fois en 1918, Aloïse Corbaz passera presque cinquante ans à l'asile psychiatrique. C'est entre ces murs dépouillés quelle élaborera, d'abord en cachette, puis au grand jour, une oeuvre à nulle autre pareille, qu'elle-même a qualifiée de « théâtre de l'univers », initiée sur des bouts de carton, avec parfois simplement du dentifrice et le suc de pétales de fleurs pour palette, et dont les couleurs vives renouent avec le génie de l'enfance.
D'abord détruits par le personnel soignant, ses dessins attirent au début des années 1920 l'attention du psychiatre Hans Steck, lequel, l'encourageant dans sa production, lui fournit crayons de couleur, craies grasses, pastels, gouaches. Une vingtaine d'années plus tard, le Dr Jacqueline Porret-Forel, nouant une relation affective avec cette patiente hors du commun, préservera scrupuleusement toutes ses créations et les montrera à Jean Dubuffet - rencontre déterminante, qui inscrit Aloïse comme pionnière de l'art brut.
« L'histoire d'Aloïse, nous dit Michel Thévoz, c'est l'histoire d'un meurtre et d'une renaissance : le meurtre d'une femme douée, passionnée, ambitieuse, qui, réduite au plus extrême dénuement, n'a pas capitulé. Elle s'est servie de la peinture pour nier ce monde qui la niait. Les anachronismes, les invraisemblances, les aventures formelles, tout est permis dans cet univers onirique affranchi des lois de l'espace et du temps, et réconcilié par la magie de la couleur et de l'arabesque. »
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