Aleksandr Blok est avant tout un poète de l'attente. De
l'attente passionnée. Dès ses premiers poèmes, on le sent
attentif à tout ce qui peut se produire, dans ce monde-ci
et dans les autres mondes. Jamais il ne se repose dans
l'idée d'une harmonie définitive. Il lui arrive de traiter
par la dérision cette passion de l'infinie expectative. Il lui
arrive de se laisser couler dans la conviction que tout est
perdu : sa vie assez brève - il a quarante ans quand il
meurt en 1921 - se termine par trois années de silence
poétique presque total. Reste la rigueur de la prose.
Jamais il ne cesse d'accomplir ce qu'il estime être son
devoir d'artiste. Le métier d'homme de lettres lui pèse,
avec toutes ses corvées. C'est ailleurs qu'il cherche à
entendre ce qu'il appelle la musique des mondes ou
encore, parfois, la voix du chaos. La vie est, pour lui,
«trois fois belle», de ce qu'elle est tragique, de ce qu'elle
ne cesse de se transformer. Le poète en lui, le musicien
savent que rien ne peut «subsister», et que l'art, comme
la conscience d'être au monde, naît d'abord d'un sentiment
de l'imminence.
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