Avec ce deuxième volume, qui couvre les années comprises entre l'annonce de la guerre civile grecque et la mort du poète, en 1971, s'achèvent à la fois l'odyssée de Georges Séféris et la première traduction intégrale, en français, de son Journal. Cette somme sans équivalent dans son siècle et son pays ne donne pas seulement à lire le vademecum d'un poète qui ne cesse de s'interroger sur son art, mais aussi la chronique lucide, souvent désabusée, de sa carrière diplomatique. Nous le suivons en Turquie, au Liban puis à Londres, dans les postes successifs qu'il est amené à occuper, mais aussi dans ses voyages plus personnels. Que ce soit en Asie mineure, au Moyen-Orient, en Écosse ou à Chypre - dont la découverte tint pour lui du miracle - ou dans son propre pays arpenté sans relâche, il se montre le meilleur des guides, aussi attentif aux appels du passé qu'aux interrogations du présent et aux êtres qui le peuplent. Témoignage sur l'histoire de la Grèce politique au XX^e siècle et guide géographique d'une Grèce éternelle, ces Journées offrent aussi de précieux points de vue sur un pan de l'histoire littéraire européenne en nous faisant partager les conversations de Séféris avec T.S. Eliot, Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, ou en brossant de vivants portraits des artistes et écrivains qui croisent sa route - Éluard, Michaux, Auden, Dylan Thomas, Henry Moore - comme de ses amis grecs : Elytis, Katsimbalis, Mitropoulos, le peintre Ghikas... Autant d'étapes sur le chemin ascendant vers cette lumière que Georges Séféris nous permet souvent d'entrevoir dans ces pages, comme un reflet du grand jour du dehors.

« Cela pourrait ressembler à une expédition des Argonautes devant faire face à des Symplégades sans nombre... Je me souviens de ces journées à Poros et de mon impatience quand j'entendais s'exclamer : « Oh, comme c'est beau ! quelle merveille ! quelle magie ! » Le soir, je lisais le journal comme on dénude une plaie. Cette blessure et cette plaie ; ce va-et-vient entre la lumière du jour et la tragédie de l'homme qui te retourne les entrailles : le mariage du ciel et de l'enfer, voilà à quoi ressemblait la passion de la belle journée. Il faut être très vivant, il faut s'être brisé les côtes sur quantité de Symplégades pour garder cette passion intacte. Il faut avoir aimé la vie comme un homme qui a préservé en lui, à tous les âges, l'enfant qu'il était. »

Georges Séféris, Journées jeudi 13 février 1947

Ce volume contient la traduction intégrale annotée des cinq derniers tomes de l'édition grecque des Journées, augmentée, à sa place chronologique dans le journal, du texte Trois Jours dans les églises rupestres de Cappadoce, paru aux éditions de l'Institut français d'Athènes en 1953 et devenu introuvable.

En annexe deux textes de circonstance : l'Allocution prononcé au banquet Nobel par Séféris en 1963 et sa Déclaration du 28 mars 1969, dans laquelle il sort de son silence pour condamner la dictature des colonels.

Le livre est illustré de nombreux documents en noir et blanc, dont de nombreuses photographies prises par l'auteur lui-même au cours de ses voyages. Une chronologie (les « Repères bio-bibliographiques » placés en fin de volume) et un index des noms de personnes couvrant l'ensemble des deux tomes, complètent l'appareil critique.

Specificaties