Avec La Grande Peur dans la montagne, La Beauté sur la terre et Farinet ou la Fausse Monnaie, Ramuz a atteint le sommet de son art. Alors qu'il est à Paris l'objet d'une ardente polémique habilement orchestrée par Henry Poulaille qui publie Pour ou contre C. F. Ramuz, il accède à la notoriété et trouve de ce fait un équilibre financier qui le rassure.

Publié d'abord en feuilleton dans La Revue hebdomadaire, La Grande Peur dans la montagne paraît chez Grasset en janvier 1926. Ce « roman feuilleton », qui se distingue fortement des textes expérimentaux du début des années 1920, met en scène des personnages victimes du caractère satanique cte l'argent. Pour des raisons économiques, les plus jeunes habitants d'un village valaisan ont bravé l'interdit du pâturage maudit de Sasseneire, malgré l'avis des anciens. Ils seront punis, et le roman s'achève sur une véritable apocalypse. Lecteur de Maupassant, Ramuz se révèle ici un maître du fantastique.

Chef-d'oeuvre du roman poétique, La Beauté sur la terre, paru en 1927, reprend un thème souvent traité par l'écrivain : l'irruption d'un élément étranger dans une communauté dont il bouleverse les habitudes et ébranle les valeurs reçues. Née en Amérique centrale d'un père qui y avait émigré, Juliette Milliquet est recueillie par son oncle, tenancier d'un café sur La Côte vaudoise. Belle et indépendante, elle suscite le désir des hommes, mais fuit ses soupirants, dont Cyprien Ravinet, un ouvrier savoyard qui tente de la violer, et Maurice Busset, le fils du syndic, qui délaisse pour elle sa fiancée. Juliette finit par trouver refuge chez Rouge, un solitaire qui vit dans une petite maison sur la grève et l'initie à la vie des pêcheurs. Acclamée au cours d'une fête de Jeunesse, dansant au son de l'accordéon, elle disparaît en compagnie d'Urbain, l'accordéoniste bossu, pendant qu'un orage éclate. De rage, le Savoyard met le feu à la maison de Rouge, et le village se retrouve orphelin de la beauté qu'il n'a pas su accueillir.

Farinet ou la Fausse Monnaie, publié en 1932, est le seul roman dans lequel Ramuz campe une figure historique. Joseph-Samuel Farinet est un faux-monnayeur actif en Valais au XIX^e siècle, disparu dans des circonstances troubles. S'il suit par moments de près les vicissitudes biographiques de ce personnage réel, l'écrivain, en dialogue avec le Gide des Faux-Monnayeurs, utilise surtout Farinet comme un symbole : comme ce dernier oppose à la convention monétaire du gouvernement la pureté de son or, Ramuz répond à ses détracteurs en faisant valoir l'authenticité de sa langue.

Ce volume contient La Grande Peur dans la montagne, La Beauté sur la terre et Farinet ou la Fausse Monnaie. Le disque qui l'accompagne comprend les trois versions de La Grande Peur dans la montagne (préoriginale de 1925, 1926, 1941), les quatre versions de La Beauté sur la terre (1927, 1928, 1935, 1941) et les quatre versions de Farinet ou la Fausse Monnaie (1932 - chez Mermod et chez Grasset, 1938, 1941), qu'un logiciel permet de comparer. Y figure également la reproduction, en fac-similé, des documents qui accompagnent La Grande Peur dans la montagne et La Beauté sur la terre, avec leur transcription en regard.

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