Objet de toutes les peurs et de toutes les convoitises, Miika a été violemment arrachée à son quotidien paisible. Les forces de la Global Dhampir Foundation, regroupement des parias mi-humains mi-vampires, escortent tant bien que mal la jeune fille jusque dans leurs terres. Mais la surpuissante organisation Suzerain envoie à leurs trousses ses vampires les plus redoutables, avec un seul mot d'ordre : s'emparer d'elle à n'importe quel prix avant que ses pouvoirs ne s'éveillent.

Je suis de ces gens qu'inquiète l'obsession pour les fortes poitrines affichée dans les médias japonais destinés aux hommes, surtout dans ce contexte de récession économique qui n'en finit pas. Encore l'autre jour, mon éditeur m'a dit, les yeux exorbités : « Ce qu'il faut dans ce manga, ce sont des gros seins ! Des gros seins ! », tout en me montrant les siens. Et il était persuasif : j'ai failli me dire qu'il avait raison. Peu importe que les hommes aient ou non besoin de réconfort et ainsi de suite, les mensurations élevées ont toujours du succès. Dans la réalité, l'offre de vraies poitrines ne suit pas la demande. Pourtant, que ce soit à cause de la déflation qui s'aggrave, ou du marché des photos de charme, les fortes poitrines ne semblent même plus rares, mais simplement banales. C'est peut-être à cause d'internet, qui fait baisser la valeur des mannequins dénudées. J'aimerais entendre les présentateurs du journal dire : « Le cours des gros seins reste encore aujourd'hui au plus haut, et ne montre aucun signe de baisse », mais hélas, non. Ils sont obnubilés par l'autre sale gosse au Nord qui lance des missiles qui finissent leur course dans la mer. Je ne sais pas si c'est censé nous remonter le moral ou nous attrister. On dirait une sorte de maladie qui touche notre pays, que seul l'amour maternel pourrait guérir.

Ce qui est terrible, insupportable, et en même temps un grand bienfait, c'est que sur le papier, en deux dimensions, l'offre de gros seins est pléthorique. Au point qu'à voir les dessinateurs s'exciter les uns les autres et en augmenter la taille et le nombre, on se prend à espérer que l'inflation revienne vite. Et puis que ce soient de vrais seins en trois dimensions ou des dessins en deux dimensions, le fait que ces seins existent en liberté, sans le moindre petit ami, fait naître chez ces hommes le sentiment qu'il faut faire quelque chose, que les gros seins ne doivent pas être laissés tous seuls à ballotter, qu'il faut les contenir dans un soutien-gorge, et qu'il faut, surtout, qu'un homme se les approprie. C'est pour cela que les médias lancent aux hommes chaque jour des gros seins, en deux et trois dimensions, pour apaiser leur nature infantile, leurs rêves égoïstes. Ces seins doivent être leur propriété, en dépit des féministes qui les sermonnent en leur disant que les seins n'appartiennent qu'à la personne qui les porte. Et en même temps, qu'il est dur de résister à ce concept de gros seins qui n'appartiennent à personne...

À notre époque, les fans de petites poitrines sont une minorité qui reste sur sa faim. Quand vont-ils se réveiller, tous ceux qui prônent que le mieux, c'est ce qui tient bien dans le creux d'une main ? Une révolution va-t-elle se produire ? Hélas non, nous ne voyons qu'une évolution provoquée par les gros seins, en faveur des gros seins. La prochaine ère n'arrive pas à se faire entendre...

Je me répète peut-être, mais pour moi, peu importe la taille d'une poitrine, tant que je peux y mettre le visage.

Hiroki Endo, 30 avril 2017

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