«Nous allons maintenant élire notre ennemi» écrivait un journaliste
et économiste renommé à la veille des élections présidentielles
de 1995. Prenant cette phrase pour point de départ de son étude,
Gérard Frémiot décrit le rejet de l'État par une société civile tentée
de ne voir en ce dernier que le siège de la Puissance, de l'Autorité, et
donc la source d'une multitude de règles étouffantes. Paradoxalement,
l'auteur n'a pas de mal à montrer, dans la seconde partie de l'ouvrage,
que cette même société civile n'a de cesse de se tourner vers cet État
détesté pour lui réclamer, en toutes occasions et dans tous les domaines,
aide et protection ! Gérard Frémiot recherche alors la clef de cet
attachement à un État tout à la fois «tuteur, protecteur et serviteur».
C'est là sans doute l'aspect le plus stimulant de cette étude, qui fait
apparaître clairement l'existence d'un modèle politique, social, culturel...
dans lequel l'État est appelé à jouer le rôle essentiel. Ce modèle
correspond au tempérament historique d'une nation française profondément
marquée par l'antilibéralisme, ou plus exactement, pour parler
comme l'historien Pierre Rosanvallon, par l'«illibéralisme». On n'est
pas obligé de suivre l'auteur dans toutes ses analyses mais on le lira
avec d'autant plus de profit et de plaisir que, comme le souligne fort
justement son préfacier, «la richesse et l'abondance des citations (...)
rendent attrayante chaque page d'un ouvrage qui aurait pu être par
son sujet quelque peu rébarbatif». Après l'avoir lu, on n'aura pas de
mal, en tout cas, à prédire, avec Gérard Frémiot, un «bel avenir» à l'État.
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