«Que la vie dise fondamentalement oui à la vie, voilà l'intuition que Jonas met à l'œuvre dans cet ouvrage», indiquait voici quelques années Paul Ricœur (Le Messager européen, 5, 1991). L'individu vivant, tel est l'objet de cette enquête phénoménologique. Et ce qu'elle met à découvert, c'est le mode d'être de cet individu : la vie, dans toute son ambiguïté, prise entre sa puissance d'affirmation de soi et sa fragilité, entre l'identité et la différence, la liberté et la nécessité. Hans Jonas met en évidence cette ambiguïté et cette tension inhérentes à la vie que n'ont su voir, dans la tradition, ni le matérialisme, ni l'idéalisme. Aussi ont-ils ignoré l'individualité et, au fond, la vie même. Le mode de penser contemporain se ressent de cet échec, et c'est pourquoi, à penser l'individu vivant, Le phénomène de la vie se met en quête d'une ontologie qui fasse justice du nihilisme issu de la pensée moderne. Pris entre, d'une part, l'existentialisme contemporain, occupé de l'homme seulement, du caractère unique de sa situation, de sa solitude au monde et, d'autre part, la science, qui par principe s'en tient aux faits extérieurs et dès lors efface la distinction de l'animé et de l'inanimé au profit de ce dernier, le mode de penser contemporain reste incapable d'une compréhension de la vie digne de ce nom. Il s'agit donc ici de «réclamer pour l'unité psychophysique de la vie cette place dans le schème théorique qu'elle a perdue en raison du divorce du matériel et du mental depuis Descartes.»
Dans cette optique, l'auteur défend la thèse «selon laquelle l'organique, même dans ses formes les plus inférieures, préfigure l'esprit, et l'esprit, même dans ce qu'il atteint de plus haut, demeure partie intégrante de l'organique.»
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