Impossible de rêver le futur, le seul futur est celui de
l'expectative d'un désastre. Le nouveau moralisme
ambiant est fondé sur une constante anticipation du
pire. Il est stimulé par des injonctions normatives,
déclarées pour le Bien de tous. La polyvalence des
menaces entretient un état d'alerte grandissant. Se
développe alors une «éthique des responsabilités»
fondée sur une heuristique de la peur. C'est parce
qu'on a peur, qu'on doit être éco-responsable. À l'encontre
de l'obsession trop individuelle de la sécurité
dans la vie quotidienne, le discours écologique se veut
avant tout communautaire. Il fait consensus parce
qu'il s'évertue à poser les problèmes de l'avenir à une
échelle planétaire et qu'en ce sens, il s'oppose à l'individualisme
contemporain. C'est là sa puissance : il
fait glisser la peur individuelle dans une peur globale.
A l'organisation de la protection qui entraîne un
repli sur soi, il oppose l'idéalisme d'une perspective
communautaire et crée l'apparence d'une alternative
idéologique en rassemblant toutes les aspirations à
un contre-pouvoir. Mais on ne reconnaîtra jamais
que notre imaginaire est de plus en plus habité par ce
«désir de catastrophe» qui demeure inavouable.
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