Les sciences sociales françaises ont longtemps
délaissé ou dévalué le corps. Enfermant l'humain
dans un monde de l'esprit largement désincarné,
elles traduisaient ainsi leur défiance à l'égard
d'un thème marqué par l'idéologie et les excès du
biologisme à l'anglo-saxonne.
Depuis, un changement profond s'est amorcé.
Dans des oeuvres pionnières comme celles
de Bourdieu, Foucault ou Héritier, dans des
domaines comme le droit, l'anthropologie,
l'histoire ou la sociologie, le corps a peu à peu été
réintroduit non seulement comme objet d'étude
(pratiques sportives, sexuelles, alimentaires, etc.),
mais aussi comme reflet et instrument du social.
L'exception française perdure aujourd'hui, car ce
retour au corps s'accompagne d'un rejet toujours
aussi ferme du naturalisme biologique. Quel est
donc le sens de ce regain d'intérêt pour le corps ?
Et quel statut les sciences sociales françaises
accordent-elles à la chair ? Convoquant plusieurs
auteurs et disciplines, cette investigation redonne
une épaisseur scientifique au corps et revisite ses
enjeux intellectuels.
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