La peinture en résonance

La peinture en résonance

« Je m'engage comme un peintre, avec des gradations à l'intérieur du monde chromatique. Mon obsession de la surface est le thème de ma musique. Dans ce sens, mes compositions ne sont pas du tout des « compositions ». On devrait les appeler toiles temporelles, toiles auxquelles j'imprime plus ou moins une teinte musicale », disait Morton Feldman.

L'auteure poursuit dans ce troisième volet d'un triptyque initié en 2015 par Conversation avec la peinture, suivi de Contrehorizon ou l'oeuvre aux noirs, en 2016, la recherche d'une transversalité issue de la peinture entrant en résonance avec la musique. C'est l'écho recherché entre une pratique plasticienne, la réflexion théorique qui l'accompagne, mise à l'épreuve de la transmission universitaire. Cette expérience s'est exercée à partir de différents lieux pensés à la façon dont Jean-Luc Nancy ou Daniel Arasse envisagent l'effet Templum inaugurant le geste créateur, quand ce dernier écrit : « Les tableaux de Mark Rothko sont des temples, en l'attente de notre regard ».

En Chine, en Corée ou au Japon et ailleurs, selon Un art de la rencontre, tel que le propose, Lee Ufan, qui est largement cité, l'architecture et les vestiges antiques s'immiscent dans les représentations picturales et assurent le voyage de l'art.

On retrouve quelques leitmotiv quand certains artistes, tels Johannes Vermeer ou Sean Scully, conduisent le propos. Valentin de Boulogne revient aussi pour occuper une place prépondérante, par la représentation de Concerts, il célèbre la musique mise en peinture.

Mark Rothko, grâce à Morton Feldman avec Rothko Chapel, créé en 1971, est un exemple majeur de la peinture fournissant un motif à la musique, l'une comme l'autre entrant en résonance en un même lieu. Les récents concerts où cette pièce fut interprétée témoignent de l'actualité de cette interrogation raisonnée.