La Fédération unitaire de l'enseignement a joué un rôle déterminant dans la genèse du syndicalisme
enseignant contemporain. Née de l'ouverture de la Fédération des syndicats d'instituteurs à tous les
enseignants, cette organisation de la CGTU expérimenta un fonctionnement fondé sur l'existence de tendances
organisées statutairement reconnues que la Fédération de l'éducation nationale adoptera par
la suite. La survivance de plusieurs tendances se réclamant du syndicalisme révolutionnaire est une
autre spécificité du syndicalisme enseignant qui fait aussi partie de l'héritage de la Fédération unitaire.
Mais son histoire ne se résume pas aux affrontements inhérents à ce mode de fonctionnement. Ses
militants ont aussi été confrontés aux questions fondamentales qui n'ont cessé de se poser au syndicalisme
enseignant. Il en est ainsi de la place qu'il fallait accorder dans leur lutte à la pédagogie. Partisans
des méthodes de l'«Éducation nouvelle», ils ont volontiers mis en avant les réalisations de la Fédération
dans ce domaine. Mais la méfiance puis la véritable hostilité avec lesquelles ses dirigeants ont accueilli
l'émergence du mouvement initié par l'un des leurs. Célestin Freinet, amène à s'interroger sur la réalité
de cette image d'un syndicalisme à la pointe de l'innovation pédagogique. Ils ont surtout été confrontés
à un problème qui remettait en cause l'existence même de la Fédération : comment et pourquoi
maintenir une organisation «avant-gardiste» et donc nécessairement minoritaire face au puissant
Syndicat national des instituteurs héritier des amicales du début du 20e siècle ?
Si la Fédération a pu survivre jusqu'à la réunification syndicale de 1935, elle le doit à un groupe de
militants désireux de démontrer qu'il était possible de réunir les diverses catégories d'enseignants au
sein de syndicats départementaux regroupés dans une «fédération d'industrie» et d'éviter ainsi toute
dérive «corporatiste». Ils se sont aussi évertués à empêcher la bureaucratisation de leur organisation
en limitant par exemple à deux ans le mandat de ses dirigeants. Mais l'histoire de la Fédération unitaire
de l'enseignement démontre que de telles mesures ne suffisent pas à elles seules à garantir un fonctionnement
réellement démocratique.
Autant de problèmes qui n'ont pas fini de susciter des débats au sein du mouvement syndical contemporain
!
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