«Faire son deuil», c'est l'impératif qui s'impose à
tous ceux qui se trouvent confrontés au décès
d'un proche. Mais se débarrasser de ses morts
est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s'il ne
veut pas trop souffrir ?
Vinciane Despret a commencé par écouter. «Je disais : je
mène une enquête sur la manière dont les morts entrent dans
la vie des vivants ; je travaille sur l'inventivité des morts et des
vivants dans leurs relations.»
Une histoire en a amené une autre. «J'ai une amie qui porte
les chaussures de sa grand-mère afin qu'elle continue à arpenter
le monde. Une autre est partie gravir une des montagnes les
plus hautes avec les cendres de son père pour partager avec lui
les plus beaux levers de soleil. À l'anniversaire de son épouse
défunte, un de mes proches prépare le plat qu'elle préférait, etc.»
L'auteure s'est laissé instruire par les manières d'être qu'explorent
les morts et les vivants, ensemble ; elle a appris de la
façon dont les vivants qu'elle a croisés se rendent capables
d'accueillir la présence des défunts. Chemin faisant, elle montre
comment échapper au dilemme entre «cela relève de l'imagination»
et «c'est tout simplement vrai et réel».
Depuis un certain temps les morts s'étaient faits discrets,
perdant toute visibilité. Aujourd'hui, il se pourrait que les choses
changent et que les morts deviennent plus actifs. Ils réclament,
proposent leur aide, soutiennent ou consolent... Ils le font avec
tendresse, souvent avec humour.
On dit trop rarement à quel point certains morts peuvent
nous rendre heureux !
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